Je me propose d'examiner dans cette communication la notion d'abditum mentis apparentée au « fond de l'âme » mis en œuvre par Marguerite Porete dans le Miroir des simples âmes. D'origine augustinienne, l'abditum mentis fait l'objet, à la fin du XIIIe siècle, d'une reformulation dans un cadre aristotélicien par le philosophe dominicain Dietrich de Freiberg, qui l'identifie à l'intellect agent. Mon hypothèse est que ce concept opère aussi dans le traité de la béguine, laquelle en fait à son tour un usage original, en lien avec l' « engin subtil », qu'elle assimile à la substance de l'âme et à l'intellection parfaite. On peut voir là un témoignage de la culture philosophique de l'autrice du Miroir, qui sait se réapproprier, avec une précision conceptuelle qui n'a d'égale qu'une grande liberté d'écriture, l'une des théories de l'âme les plus singulières de la scolastique médiévale.
- Poster