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Mercredi 7 juin, de 17h15 à 19h15, au café étudiant.

 

Enregistrement public du balado du Comité Équité avec Anne-Marie Gagné-Julien

Résumé :

Imaginez une science de la santé mentale qui est élaborée à partir des perspectives des personnes ayant reçu un diagnostic psychiatrique, où la détresse psychologique n’est pas pathologisée, et qui vise avant tout la justice sociale en dehors du modèle biomédical de la psychiatrie. C’est ce que propose un récent champs d’étude appelé Mad Studies. Dans une démarche explicitement politique, ses défenseurs se réapproprient le mot Mad, historiquement utilisé comme une insulte, pour désigner toutes les personnes qui s'identifient comme telles, qui ont été jugées « malades », ou qui sont des usagers ou des survivants des services psychiatriques. Le mot Mad attire l’attention sur les dimensions historiques et sociales de la folie et de sa prise en charge. Dans cette veine, au lieu de s’intéresser principalement au causes internes et neurobiologiques ainsi qu’à la médication, le courant des Mad Studies vise plutôt à inscrire la détresse psychologique et les expériences alternatives au cœur de leur contexte social, en insistant sur les causes structurelles de la souffrance et sur l’impact d’un diagnostic en termes de stigmatisation et de discrimination. Le concept de sanisme décrit d’ailleurs cette forme d’oppression structurelle que vivent les personnes qui ont reçu un diagnostic ou qui sont perçues comme telles au sein des institutions psychiatriques, mais aussi dans la société plus largement. Lutter contre le sanisme implique aussi une résistance à la pathologisation de la diversité psychologique et comportementale, et au développement de modèles multiples qui permettent de rendre compte de cette diversité en se détachant de la notion de dysfonction interne à l’individu. 

En m’inspirant des propositions de certains chercheurs Mad depuis la dernière décennie, mes travaux ont pour but de réfléchir à l’émergence des Mad Studies en utilisant le cadre théorique des injustices épistémiques. Il s’agit de concevoir ce récent courant de pensée comme un ensemble de connaissances radicalement alternatives au modèle biomédical en psychiatrie. Grâce au cadre théorique des injustices épistémiques, il est possible de mettre en lumière les relations de pouvoir qui guide la production et la transmission de connaissances sur la santé mentale, mais aussi les potentielles injustices qui découlent de ces inégalités de pouvoir dans les sciences de la santé mentale.

 

2 cas d’études:

https://www.madinamerica.com/2022/09/madness-miracles/

https://commedesfous.com/vincent-entendeur-de-voix/

 

Le comité Équité a été créé en 2014 par le conseil d’administration de la Société de Philosophie du Québec (SPQ) sous l’initiative de Dominique Leydet. Il s’agit d’un comité ad hoc de la SPQ. Présentement, le comité est composé de huit membres, professeur∙e∙s et étudiant∙e∙s :

-        Delphine T. Raymond (étudiante à la maîtrise : UL),

-        Juliette Roussin (professeure adjointe en philosophie politique : UL),

-        Marie-Anne Perreault (étudiante au doctorat : Penn State University),

-        Anastassia Depauld (professeure au collège Jean-de-Brébeuf),

-        Yanie Pierre-Jérôme (candidate au doctorat : UdeM),

-        Saaz Taher (postdoctorante : CRÉ, CREF et Mitacs Accélération),

-        Solène Peltier (étudiante à la maîtrise : UL) et

-        Naomi Bâteau-Watson (professeure de philosophie à l’école Nationale du Cirque).

Le comité Équité a pour mission de mettre en valeur le travail et les recherches en philosophie des femmes et des personnes de la diversité de genre, sexuelle, ethnique, de la neurodiversité, religieuse, etc. Puisque la philosophie est un domaine majoritairement masculin, blanc, et occidental, le comité Équité vise à renverser cette tendance en s’intéressant au travail de ces personnes marginalisées en philosophie.  

Par ailleurs, le comité Équité travaille à diffuser et créer des outils pédagogiques pertinents pour les institutions d’enseignement (cégeps et universités). Par exemple, dans les deux dernières années, le comité a collaboré avec des chercheur∙euse∙s et la chaire de recherche d’Amandine Catala (Chaire de recherche du Canada sur l’injustice et l’agentivité épistémiques) afin de créer une série de capsules vulgarisées décortiquant et approfondissant des enjeux et des concepts relatifs aux injustices épistémiques. Le comité a aussi lancé une série de balados vulgarisés (à l’aide de bandes dessinées) sur des sujets considérés en marge de la philosophie classique dominante. Ces projets de collaboration avec des chaires, des artistes et des chercheur∙euse∙s des milieux féministes pluridisciplinaires vise non seulement à mettre de l’avant le travail de ces personnes, mais aussi à favoriser un climat de collaboration et d’entraide dans la communauté philosophique.

 

Pour davantage d’informations concernant le comité Équité et pour avoir accès aux ressources, aux capsules et aux balados, visitez notre site web http://www.equite.laspq.org/.

Vous pouvez aussi nous joindre à notre adresse courriel pour de plus amples questions ou pour nous soumettre un projet visant à favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion en philosophie au Québec : equite.laspq@gmail.com.     

 

Références :

Beresford, Peter. 2022. “Introduction.” In The Routledge International Handbook of Mad Studies, edited by Peter Beresford and Jasna Russo, 1–16. Oxfordshire: Routledge.

 Gagné-Julien, A. M. (2022). Medicalization, Contributory Injustice, and Mad Studies. Kennedy Institute of Ethics Journal32(4), 401-434.

 Gillis, A. (2015). The Rise of Mad Studies, University Affairs. https://www.universityaffairs.ca/features/feature-article/mad-studies/

 Faulkner, Alison. 2017. “Survivor Research and Mad Studies: The Role and Value of Experiential Knowledge in Mental Health Research.” Disability and Society 32 (4): 500–20.

 Steslow, K. 2010. “Metaphors in Our Mouths: The Silencing of the Psychiatric Patient.” The Hastings Center Report 40 (4): 30–3.

 

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