Le consentement comme attestation de soi
Maxime Tremblay  1@  
1 : Université de Sherbrooke
2500 boul. de l'Université, Sherbrooke, Québec J1K 2R1 -  Canada

Que ce soit dans le champ sexuel et amoureux ou ailleurs, la coutume veut que l'on pense le consentement à partir d'une ontologie du sujet. Or cela soulève des difficultés considérables, qu'il est dubitable qu'une philosophie du sujet puisse lever par ses propres moyens : quel sujet, en effet, depuis les découvertes du structuralisme et de la psychanalyse, peut encore prétendre à sa propre transparence ? Ne faudrait-il pas, dans ce cas, reléguer au titre de fable le double standard d'un consentement libre et éclairé ? Qui plus est, nous retrouvons avec éclat, dans le consentement amoureux, une composante d'altérité qui met en déroute l'ambition auto-fondatrice du sujet. Tandis que, d'un côté, le consentement s'inscrit dans un processus d'individuation — « là où je consens, je me tiens », pourrions-nous dire —, de l'autre il semble que, loin d'être l'affaire d'un individu, l'acte de consentir soit jusque dans sa racine étymologique tributaire d'une rencontre avec autrui, d'un « ensemble » consubstantiel. Nonobstant les recherches qui depuis plusieurs décennies s'efforcent d'élucider l'énigme du consentement, il semble donc que ce problème demeure entier : qui consent ? Dans cette présentation, nous proposerons une étude du consentement dans l'esprit des derniers travaux de Paul Ricœur. Rompant avec la philosophie sujet, nous suggérons de penser à neuf l'acte de consentir dans le cadre d'une herméneutique du soi. Le consentement se présentera dès lors comme une forme, parmi d'autres, de ce que Ricœur appelait dans Soi-même comme un autre les détours empruntés par le soi sur le chemin vers lui-même. Au-delà du consentir comme acte d'un sujet, nous proposons de refaire le chemin par lequel le soi s'atteste comme tel en se trouvant capable de consentir.


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