La pensée de Schelling revêt une importance fondamentale dans la phénoménologie politique de Marc Richir. Dans cette présentation, nous tâcherons de comprendre comment, dans une apparente dissolution du politique, Schelling permet d'après Richir de sortir de la logique de la dette (infinie) et de la servitude volontaire, en thématisant la distinction architectonique entre le « sauvage phénoménologique » et la barbarie. Pour y parvenir, il nous faudra dans un premier temps saisir le « moment » du sublime chez Schelling comme phénoménalisation de la communauté incarnée. Nous montrerons ensuite pour quelles
raisons cette communauté n'est pas à proprement parler politique au sens restreint du terme, mais plutôt comment elle permet d'appréhender le sens du vivre-ensemble et sa possible fondation. Nous examinerons enfin pourquoi, aux yeux de Richir, c'est
précisément parce que Schelling inscrit cette communauté dans une proto-temporalité sauvage, utopique et eschatologique que la liberté humaine peut s'affirmer contre tout désir de réalisation du Ciel sur terre (exaltation apocalyptique).