Depuis quelques années, nous assistons à une hyperbolisation du langage politique et militant progressiste, de celui des sciences humaines également. Les termes utilisés pour décrire la société sont de plus en plus outrés : « racisme systémique » ; « culture du viol » ; « génocide », etc.
Ce phénomène linguistique participe d'une surenchère à laquelle poussent nos nouveaux modes de communication (les réseaux sociaux, notamment), mais il est aussi le reflet d'une bipolarisation politique croissante, qui entraîne des discours de plus en plus manichéens (ce qui explique que l'on trouve la même hyperbolisation dans le camp conservateur).
Il a pour effet d'engendrer des concepts qui souffrent d'un excès en même temps que d'une indétermination de leur sens, qui s'appliquent autrement dit à trop de référents différents. En raison de cette indétermination, ils viennent davantage brouiller que rendre plus limpide notre rapport à la réalité.