Plusieurs études tracent des liens entre Marguerite Porete et Eckhart de Hoccheim (Hollywood 1995, Libera 1991, McGinn 1994, Trombley 2010). Le Miroir des âmes simples de Marguerite et la prédication allemande d'Eckhart partagent entre autres une utilisation de formes littéraires variées et sollicitent un appareil conceptuel basé sur le paradoxe (Piron 2013, Brunner 1994). Par-là, les écrits de Marguerite, comme ceux d'Eckhart d'ailleurs, échappent aux codes du milieu universitaire médiéval, bien que ce dernier ne leur soit pas étranger et que la recherche récente établisse leurs recoupements (Boulnois 2013, Dubois 2017, King 2018). Ainsi, serait-il possible que Marguerite manifeste une connaissance qui puisse faire défaut aux maîtres parisiens ? Pour évaluer cette possibilité, je me propose d'utiliser le modèle épistémologique novateur d'Eckhart (Casteigt 2006, Flasch 2011) qui inclut les contenus de sa prédication allemande pour établir la nature et l'originalité de la contribution de Marguerite à l'avancement du savoir.