La philosophie est souvent présentée comme une discipline prétendant à l'universalité et portant un regard général et surplombant les choses. Pourtant, nombreux sont les philosophes, anciens notamment, à s'être fait les apôtres de l'exclusion et de la domination de certains groupes sociaux. Certes, nombre des questions posées par les philosophes de l'Antiquité sont éternelles, mais dans les domaines politiques et éthiques, les réponses qu'ils ont proposées témoignent souvent de préjugés et d'ignorance. Oui, il faut enseigner la philosophie ancienne au collégial, mais peut-on tout enseigner au sujet des théories philosophiques de l'Antiquité? A-t-on un devoir de présenter ces théories de façon objective et neutre sur le plan des valeurs? À l'inverse, nos cours doivent-ils être le lieu d'un bricolage soutenant une vision édulcorée des idées gréco-romaines, vision qui ne serait pas représentative de toute l'histoire? La position que je défendrai se situe à mi-chemin entre la neutralité axiologique, qui est un mirage en enseignement selon moi, et le rapiéçage éditorial, qui, à mon avis, n'a pas sa place en contexte pédagogique.