Si vous entendez « théories du complot », qu'est-ce qui vous vient en tête? Peut-être avez-vous pensé à des théories farfelues comme celles des reptiliens—des extraterrestres métamorphes qui remplacent des politiciens importants pour contrôler la société humaine—ou a de supposés complots politiques comme QAnon—un cercle satanique de démocrates, de millionnaires et de célébrités pédophiles qui trafiquent des enfants. Maintenant, comment décririez-vous les gens qui adhèrent à ce type de théories? La vision stéréotypée des théoriciens du complot veut qu'ils soient des marginaux, des personnes paranoïaques, des personnes stupides et bercées d'illusion ou, tout simplement, des fous.

Plusieurs philosophes (Dentith, 2018; Husting, 2018; Räikkä & Basham, 2018) décrient la présence de ce stéréotype dans le discours médiatique, politique et académique qui entourent les théories du complot. Leur démarche attire l'attention sur un aspect souvent ignoré du phénomène (Douglas, Cichocka & Sutton, 2020) : les émotions qui le propulsent. Une de ces émotions qui est spécialement peu discutée est le mépris.

Dans cette présentation, j'explorerai l'hypothèse selon laquelle le fait de percevoir du mépris provenant d'exogroupes puissants pousse les individus vers l'adoption de croyances complotistes. D'abord, je m'attarderai sur les termes nécessaires à la compréhension du problème, soit « théories du complot » (Napolitano & Reuter, 2010) et « mépris » (Fischer & Giner-Sorolla, 2016; Mackie & Smith, 2018; Roseman, 2018). Ensuite, je présenterai les résultats d'une première étude empirique qui vise à établir une corrélation entre la perception de mépris entre exogroupes politiques aux États-Unis (Démocrates et Républicains) et les croyances conspirationnistes.

En guise de conclusion, j'argumenterai qu'il est important de tenir compte de la perception de mépris lors de l'élaboration de stratégie pour contrer les croyances conspirationnistes.