L'usage des médias socionumériques constitue actuellement une forme privilégiée de communication, une véritable novlangue. D'emblée, on peut affirmer que leur apport à la vie démocratique est globalement positif. Cela ne signifie évidemment pas que tout est rose dans cet effervescent et protéiforme univers. Après avoir rappelé le sens du théorème cognitif et de l'effet Brandolini, nous étudierons deux effets pernicieux des réseaux socionumériques : la brutalisation de la société, qui renoue avec un développement social remontant aux années 1880-1914, et la politique paranoïaque, une tendance associée à la société états-unienne de la seconde moitié du XXe siècle. Malheureusement, la conjugaison de ces deux tendances donne trop souvent naissance à de nombreux phénomènes délétères, parmi lesquels on peut identifier, d'une part la dictature de l'instantanéité ainsi que le règne de l'opinion et du prêt-à-penser, d'autre part la désinformation, le complotisme et la polarisation excessive des positions adverses.