Depuis la publication il y a quinze ans du rapport La philosophie, une école de la liberté, il est possible d'obtenir une perspective globale sur le décloisonnement progressif des pratiques philosophiques (UNESCO, 2007). On peut inscrire ce décloisonnement dans une histoire des pratiques philosophiques, qui montre que les formes pratiques de la pensée philosophique ne sont pas universelles et ont variées historiquement et culturellement (Blémur, Theurillat-Cloutier & Langlois, 2013).

La présentation abordera la médiation intellectuelle en tant que philosophie de terrain. Développée en premier lieu pour agir avec les groupes les plus marginalisés de la société canadienne (personnes en situation d'itinérance, jeunes précarisé.e.s, communautés faisant face au racisme, personnes issues de la neurodiversité, etc.), la médiation intellectuelle a permis de consolider une série de techniques réflexives et créatives permettant de contribuer à la démocratisation de la pratique philosophique. Elle repose sur une posture éthique présumant de l'égalité des intelligences (Rancière, 1987), et donc de la capacité de tous et toutes à être sujet pensant et philosophant. Elle trouve également des applications en sciences sociales, à travers diverses hybridations avec la recherche-action participative. À travers des études de cas provenant des projets d'Exeko - un OSBL ayant développé cette pratique - nous en discuterons les spécificités, les limites et les potentiels.