Les commentateurs ont majoritairement appliqué leur attention à la partie mythologique de l'eschatologie platonicienne ; ils traitent ainsi des mythes dits « eschatologiques » de Platon, dont celui à la fin du Gorgias. De plus, ce dialogue, le Gorgias, est à bon droit mis en parallèle avec l'Apologie, lorsqu'il est question d'aborder le thème de la vie juste dans la philosophie de Platon.
D'une étymologie incertaine, le terme « eschatologie » comporte, littéralement, un discours ou une parole de/à propos de, la limite, l'extrémité, ce qui est dernier ou ultime. Ce sens, que nous étudierons lors de cette présentation, ouvre une compréhension immanente de l'eschatologie. C'est-à-dire à partir de l'expérience facticielle d'un individu et de sa finitude. De plus, cette compréhension de l'eschatologie nous permet d'élargir l'eschatologie platonicienne hors des mythes. Quant à la mythologie eschatologique, notre but n'est pas de disqualifier les mythes eschatologiques sous prétexte qu'ils « transcendent » l'expérience humaine, mais de recentrer le discours mythique dans le concret du mortel qui spécule à propos de l'eschaton. Enfin, ce discours de l'eschaton permet de concrétiser une compréhension de la justice en tant que vie juste, puisqu'elle peut être jugée en sa totalité. C'est aussi par le biais de cette compréhension de l'eschatologie que nous pourrons aborder l'Apologie rétrospectivement depuis le Gorgias, notamment en traitant de la thèse qu'il est préférable de subir une injustice que d'en commettre une.