Le Clitophon met en scène Clitophon, un important homme politique athénien qui est aussi un proche de Socrate, formuler envers ce dernier le reproche suivant : son enseignement sur la justice n'aurait aucun contenu particulier, mais il ne consisterait qu'en une simple exhortation à la justice. Dans la mesure où le corpus platonicien n'expose en effet aucune doctrine claire ou non polysémique sur la justice, il nous faut prendre cette critique au sérieux. La fréquentation de Socrate ne nous rendrait-elle juste qu'« en paroles », autrement dit, incapable d'actions justes? Notre présentation tâchera de répondre à cette question par un examen des motifs animant les deux personnages principaux du dialogues, Socrate et Clitophon. Cet examen nous rendra attentif à ce qui constitue le nœud philosophique même du Clitophon, à savoir, l'incommensurabilité tacite dans tous les dialogues platoniciens entre l'ordre politique et l'ordre philosophique, ou ce qui revient au même, entre la vertu politique et la vertu philosophique.
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