Hormis l'ouvrage coécrit avec Engels : Critique de l'éducation et de l'enseignement, Marx n'a pas consacré à la question de l'éducation d'autres écrits. Pourtant, cette question traverse son œuvre et s'impose parfois comme un point décisif dans ses règlements de comptes avec d'autres philosophes, tel que Feuerbach.

Marx opère une articulation entre la pédagogie et la politique qui détermine la philosophie de l'éducation au XIXe siècle inspirée des Lumières. Selon lui, le changement sur le plan théorique, de l'éducation, doit ainsi être envisagé comme une question pratique. En revanche, si la question de l'éducation est d'ordre pratique, cela revient à dire que la pédagogie est un problème politique. 

D'où surgit cette question, à savoir celle de la relation qu'entretient l'éducation avec le politique chez Marx. L'éducation est-elle une affaire politique ? Cela nous permettra de consacrer la première partie à la critique marxienne des rapports des instances éducatives et de lieux de décision. Notre objectif est de percevoir les enjeux de ce rapport et d'en préciser la nature. Ensuite, nous tenterons d'examiner la critique marxienne des rapports entre éducateur et éduqué, qui semble conduire à l'impossibilité de l'éducation elle-même. Nous aborderons dans cette deuxième partie la conception marxienne du savoir et de l'apprentissage, et nous tenterons d'en faire une appréciation critique. In fine, nous proposons d'examiner dans une perspective plus générale le rapport entre école et société chez Marx. Cette dernière partie nous permettra de montrer que la difficulté de déterminer la conception marxienne de l'éducation ne réside pas essentiellement dans le fait qu'on ne trouve pas chez lui « une théorie de l'éducation », mais dans le fait que l'éducation est envisagée chez lui comme un projet qui s'inscrit dans une configuration temporelle sans cesse reportée dans l'avenir. Ces questions font écho aux enjeux contemporains de la critique de l'éducation.