Comment penser la liberté dans un monde créé par un Dieu omnipotent et préscient? Comment, de surcroît, penser un tel Dieu comme juste et bon alors que sa Création est gangrenée par le mal? Ce sont des questions auxquelles s'attaque Leibniz en imputant le mal moral, le seul qui puisse être vraiment qualifié de mal, au péché des hommes. Pourtant la notion de chaque comprend tout ce qui lui arrivera jamais : comment, donc, ne pas voir en cela un nécessitarisme qui balayerait à nouveau la responsabilité du péché dans la cour de Dieu, qui avait prévu leurs fautes? Comment ne pas sombrer dans le quiétisme dans un paradigme où notre vie serait tracée d'avance ? Quel rôle nous reste-t-il à jouer un monde où rien n'est laissé au hasard ? Leibniz nous invite, pour résoudre ces interrogations, à repenser la notion de substance et à se pencher sur la nature de notre volonté. Car étant toujours devant un large intervalle de possibles, les agents libres que nous sommes doivent entreprendre un examen consistant à s'apercevoir de leurs propres perceptions, afin de toujours s'orienter vers leur bien propre, et a fortiori vers le bien général. La philosophie leibnizienne de la liberté est donc tout à la fois réhabilitation de la contingence, invitation à l'agir moral, et réflexion sur la justice, le Bien et la finalité tant à l'échelle des substances simples que du Tout. Leibniz, encore et toujours éclectique, parvient à réhabiliter le regard phénoménologique généralement porté sur le monde, tout en le mettant en perspective en l'inscrivant dans un niveau plus général de réalité, réconciliant ainsi déterministes et tenants du libre-arbitre, qui ne s'opposent peut-être, au fond, pas si franchement qu'on l'a pu croire.