Dans les années 1990-2000, John Baird Callicott et d'autres philosophes de l'environnement ont tenté de dégager les implications de l'écologie des perturbations pour l'éthique de la terre léopoldienne. Dans cette présentation, je revisiterai cet enjeu et proposerai, sur la base d'un examen critique de la littérature scientifique pertinente, que la reconnaissance de l'importance qu'ont les perturbations naturelles au sein de plusieurs écosystèmes n'est pas incompatible avec l'idée d'un équilibre écologique s'y réalisant. Dans un grand nombre de cas, dont je préciserai la nature, les perturbations peuvent être conçues comme s'ajoutant aux facteurs par lesquels les écosystèmes se maintiennent. Je soutiendrai que, là où l'écologie des perturbations pose un défi à l'éthique de la terre et aux éthiques écocentrées s'inscrivant en continuité avec elle, c'est lorsqu'elles ont pour effet d'accroître le caractère contingent de la composition en espèces des écosystèmes. Une telle contingence écologique peut toutefois aussi résulter d'autres facteurs.