Marguerite Porete décrit, dans son Miroir des âmes simples, les différentes étapes menant à l'union mystique. L'autrice conçoit l'union mystique comme l'anéantissement de l'âme qui devient alors, pour ainsi dire, Dieu. À plusieurs reprises, dans le Miroir, la pratique des vertus morales est présentée comme précédant l'anéantissement. Mais quel rôle, si un tel rôle existe, la pratique des vertus morales joue-t-elle dans l'ascension mystique ? Dubois (2017) propose que, pour Marguerite, la pratique des vertus morales est préparatoire, mais non suffisante pour réaliser l'union à Dieu ; ce point de vue serait partagé par Godefroid de Fontaines, un maître universitaire connu pour avoir attesté l'orthodoxie du Miroir lorsque celui-ci fut déclaré hérétique. Je défendrai ici une interprétation plus forte que celle de Dubois : selon l'économie mystique porétienne, la pratique des vertus non seulement n'est pas suffisante pour réaliser l'union mystique, mais elle est encore non nécessaire à l'anéantissement de l'âme.
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