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Conférence d'honneur du mercredi 7 juin 2023, de 12h50 à 13h50, de Naïma Hamrouni :

L’action positive comme réponse au sexisme structurel

 

Parmi l’arsenal des mesures visant à contrer la dominance des hommes dans les lieux de pouvoir et de savoir, la parité, l’action positive et les politiques ÉDI comptent parmi les plus controversées. Celles et ceux qui œuvrent à leur promotion se heurtent à une forte résistance, et les arguments couramment mis de l’avant pour s’y opposer ont tendance à rallier les plus perplexes.

Les détracteurs de ces mesures soutiennent d’abord qu’elles représenteraient une forme d’intervention au mieux inutile, au pire inique, dans la mesure où la répartition actuelle des fonctions sur le marché du travail traduirait essentiellement les préférences et les libres choix des hommes et des femmes. Ensuite, en se basant sur le critère du sexe, plutôt que sur un principe de compétence et de mérite, ces mesures récompenseraient l’incompétence en plus de mettre en péril la qualité générale du travail accompli. En réduisant les femmes à leur sexe biologique, elles les instrumentaliseraient et, selon certains, les déshumaniseraient. De plus, en répondant à l’injustice passée (celle de la discrimination envers les femmes et autres minorités) par l’injustice (celle de la discrimination envers les hommes), ces mesures constitueraient une forme dissimulée de sexisme inversé, ou de discrimination à rebours, tout aussi condamnable. Enfin, ces mesures procéderaient d’une logique humiliante et dégradante pour les femmes et, en ce sens, elles causeraient plus de tort qu’elles n’en répareraient.

Dans cette présentation, j’examinerai, pour les réfuter, ces cinq principaux arguments mis de l’avant par les détracteurs de l’action positive, de la parité et des mesures d’ÉDI. Puis, après avoir distingué la défense philosophique de la parité française des autres défenses normatives de l’action positive et de l’ÉDI, respectivement fondées sur la promotion de la diversité épistémique et la neutralisation des effets de la discrimination directe et indirecte, je soutiendrai que la justification éthique la plus déterminante pour ces mesures se trouve plutôt dans l’exigence de justice qu’est la réparation du sexisme structurel passé et persistant.

 

Biographie: Professeure agrégée au Département de philosophie de l’Université du Québec à Trois-Rivières et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe sur la vulnérabilité et les injustices structurelles (2020-2025).

 

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